Une étude sur les habitudes de consommations des femmes originaires du Maghreb en France : une première. 91% d’entre elles estiment avoir « des besoins spécifiques du fait de leur origine ». C’est ce que révèle une étude d’Ak-a, agence d’études et de conseil en ethnomarketing, qui publie ses premiers chiffres sur les habitudes des consommatrices d’origine maghrébines en France. Contacté par Afrik.com, Didier Mandin, directeur de l’institut, a souhaité nous éclairer davantage sur cette étude.
jeudi 17 avril 2008, par Hanan Ben Rhouma |
Sur le terrain, les enquêteurs d’Ak-a ont eu fort à faire. Le panel de 8000 personnes que l’entreprise a recensées en ligne depuis sa création, fin 2005, lui a été précieux. Les sites afro-français ont aussi apporté une aide non négligeable dans le recrutement des participantes à l’étude. Voilà comment Ak-a s’y est pris pour mener le sondage en mars dernier. Grâce à ces méthodes, l’agence spécialisée sur les « Afro-Français », a su réunir un panel de 649 répondantes originaires du Maghreb vivant en France. Elles viennent majoritairement d’Algérie (52,5%) et du Maroc (37,4%). En revanche, la répartition géographique de ces femmes est assez équitable (45% de province contre 55% de la région Ile de France).
A cette occasion, 649 femmes ont été interrogées. « La cosmétique nous intéressent particulièrement. On a donc recruté beaucoup de femmes », répond Didier Mandin, directeur de l’agence en ethnomarketing. Il précise au passage que c’était aussi plus facile. La plupart sont jeunes. En effet, près de 83% d’entre elles ont entre 18 et 34 ans. Selon M. Mandin, « il est plus difficile d’obtenir des réponses de la part de personnes plus âgées. Il faut dire que les jeunes sont plus accessibles. On redresse la barre du pourcentage en étant sur le terrain. Mais cette affirmation est valable pour les panels en ligne de toutes sortes. »
Des perspectives alléchantes
Ak-a se penche sur cinq secteurs d’activité : les médias, la cosmétique, la grande distribution, la téléphonie et les services financiers. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : « 91 % des femmes originaires du Maghreb estiment avoir des besoins spécifiques du fait de leur origine. » Dans le secteur agro-alimentaire, 83,5 % déclarent avoir des besoins spécifiques. D’ailleurs, 74% d’entre elles pensent que l’offre des produits « halal » en grande surface est insuffisante. Les femmes interrogées (75%) jugent qu’elles sont sous-représentées dans les médias.
L’idée est simple selon M. Mandin : « aider les entreprises de services et de production à mieux comprendre les besoins des consommateurs afro-français ». Celles-ci ne peuvent plus ignorer l’importance de la communauté maghrébine et, in extenso, afro-africaine. Selon certaines estimations, les « minorités visibles » seraient fortes de quatre à six millions de personnes en France. « Les populations afro-africaines ont toutes des besoins spécifiques », ajoute le directeur. En adaptant leurs produits à ces populations, les firmes pourront mieux vendre.
Manque de représentativité
Cependant, les chiffres sont flous aujourd’hui. Une fautive : la France qui reste opposée légalement au recensement ethnique. M. Mandin est clair : « il est impossible de parler des résultats de l’étude comme représentatifs de la population maghrébine en France. La loi n’autorise pas encore le comptage ethnique. » Le panel s’appuyant sur des volontaires, « on ne peut que raisonner par strates et de manière juste en s’appuyant sur des hypothèses fortes car l’INSEE (l’Institut National des statistiques et des études économiques) ne possède pas d’informations. Il n’empêche que nous sommes confiants dans nos méthodes », explique le directeur de l’agence.
Succès en vue
L’étude menée en interne est aujourd’hui disponible à la vente pour ceux qui désireraientt glaner davantage d’informations sur les attentes des consommatrices maghrébines. L’entreprise ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Elle devrait se lancer dans l’étude du comportement des consommateurs maghrébins prochainement. Depuis 2006, les carnets de commande d’Ak-a ne désemplissent pas. L’ethnomarketing devient incontournable. Didier Mandin parle même de « réel succès » en termes de nombre de panelistes inscrits et d’études commandées. « Il y a pas mal de retours positifs des entreprises qui sont vraiment friandes de ce genre d’informations. Cependant, il faut « du temps » pour voir un réel changement et que les entreprises s’adaptent aux personnes qui ne sont pas habituellement sondées. « Mais on sent une réelle évolution », explique M. Mandin, « de plus en plus d’entreprises et de secteurs d’activité sont intéressés par notre approche. Ils sentent qu’il faut s’adapter. » Ak-a semble avoir de beaux jours devant elle.
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